Publié le 24 février 2006
Alain Cavalier promène sa caméra en un plan séquence de 8 minutes 37, tout en commentant à linstant du tournage ce quil voit, exprimant ce quil sait, ce quil ressent du tableau de Bonnard placé devant lui. Il sen approche, recule, nous fait part de ses étonnements, samuse, se tait parfois aussi, sinterrompt au cours dune phrase. Tout cela est très simple, très beau.
Ce dispositif fait irrésistiblement penser à dautres réalisations de Cavalier bien sûr, mais aussi au trop méconnu film de Michel Polac Un âge passe (autoportrait dun vieil ours) qui employait des codes identiques: lobjectif de la caméra tourné vers ce que lon voit, tandis que le micro est plutôt orienté vers soi-même.
Cavalier sait nous montrer les petites choses qui en signifient de grandes. Le cinéaste visite la maison de Bonnard. Son regard est attiré par dinnombrables trous de punaises dans le mur. Tel un archéologue, il en déduit la démarche du peintre:
Il ne veut pas cadrer tout de suite. Alors il punaise une surface de toile, il cherche son tableau, et petit à petit, il trouve son cadre.
Ainsi, lair de rien, avec le plus grand naturel, avec facétie aussi, Alain Cavalier nous transmet dinnombrables informations sur la vie et luvre de Bonnard, mais surtout, il donne envie de peindre, envie de filmer.
DVD: Bonnard un film dAlain Cavalier - 26 minutes - OF2B éditions - Les Films dIci
Patrick Rebeaud
http://www.patrick-rebeaud.com
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