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Publié le 30 janvier 2006
Le cinéma ne peut pas être enseigné comme n’importe quoi d’autre: comme un ensemble de techniques; comme un artisanat; comme une série de recettes.
Reste et restera toujours l’idée qu’un “travelling est une affaire de morale”(1).
Car le cinéma ne se contente pas de nous montrer des personnages et leurs actes. Il travaille sur les relations entre les personnes. Il cerne, dessine, précise ces relations. Il les observe, les rêve, les construit aussi. Le cinéma met en évidence ces liens qui tissent une société; parfois même, il les rehausse.
Le cinéma capte ce vide ou ce plein entre les personnes, et l’exalte. Il y a toujours dans le cinéma une soif de relations “meaningful” entre les êtres.
L’enseignement de cet art ne peut pas être dissocié d’un questionnement sur l’humain. Toute tentative visant à le débarrasser de cette responsabilité serait vaine. On a beau essayer de le vider de ce contenu vital en le rigidifiant dans des termes de sous-produits comme “audiovisuel”, rien n’y fait. La caméra captera toujours les relations qui se nouent et se dénouent, même l’appareil numérique le plus frustre.
Patrick Rebeaud
http://www.patrick-rebeaud.com
(1) "Le travelling est affaire de morale". Cette phrase semble avoir de nombreux auteurs. Alain Resnais selon les uns, Jean-Luc Godard selon les autres.
Finalement, elle est probablement de Jacques Rivette. Elle aurait été inspirée par une phrase de Luc Moulet: "La morale est affaire de travellings".
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