PATRICK REBEAUD - réalisateur


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Henri Colpi:
l’art et la simplicité

Publié le 26 janvier 2006

L’annonce de son décès a circulé comme son œuvre: dignement, calmement, sereinement. Inoubliable Henri Colpi. Il faisait partie de ces personnes au talent certain, tellement certain, qu’il n’avait pas besoin de le crier sur les toits.

C’est très compliqué de faire simple. Henri Colpi y parvenait sans effort apparent. Il a tranquillement apporté sa touche à de nombreuses œuvres inscrites désormais au Panthéon de la cinéphilie.

Ses activités de monteur l’avaient amené à travailler avec Georges Franju (“La première nuit”), Agnès Varda ("La pointe courte"), Alain Resnais ("Nuit et brouillard", "L'année dernière à Marienbad"), Henri-Georges Clouzot ("Le mystère Picasso") et Charlie Chaplin ("Un roi à New York”).

Comme réalisateur, il a reçu en 1960 le prix Louis-Delluc et en 1961 la Palme d'or au Festival de Cannes (ex-aequo avec “Viridiana” de Luis Buñuel) pour son premier long métrage “Une aussi longue absence”, d'après un fait divers dialogué par Marguerite Duras.

D’autres longs métrages suivront, et notamment avec Fernandel: “Heureux qui comme Ulysse” (1970).

Pour ce film, Colpi écrit la chanson éponyme interprétée par Georges Brassens. Auparavant, Cora Vaucaire avait chanté son autre succès: “Trois petites notes de musique”, reprise par Juliette Gréco. (On l’entend par la voix d’Yves Montand dans le film “L’été meurtrier”).

Par ailleurs, Henri Colpi écrivait: en 1947 il publie “Le Cinéma et ses hommes”, en 1963 “Défense et illustration de la musique de film”, et en 1996 “Lettres à un jeune monteur”.

À tous ces talents, on peut en ajouter un autre: la disponibilité. Lorsque j’avais besoin d’un avis éclairé sur l’un de mes projets, Henri Colpi faisait partie des personnes que j’allais voir. Généreusement, il donnait de son temps, me faisait partager son expérience.

Présent à la toute première représentation de mon spectacle “Le Rosifeur”, il a été aussi de bon conseil lors de la réalisation de mon court métrage “Craignos Crading”.

Je me souviens d’une conversation à Saint-Germain des Prés. Henri Colpi m’a désigné une maison: “En réalité, c’est là qu’a eu lieu la toute première projection de l’histoire du cinéma, et non Boulevard des Capucines”(1).

Il parlait avec passion de la parfaite durée des plans chez Hitchcock.

Il confiait que ses deux succès de la chanson ne sont pas les seules paroles qu’il ait écrites. En réalité, il y en a beaucoup d’autres. Celles là, il ne les avait données à lire à personne. “Il y a peut-être des tubes!” s’amusait-il.

Patrick Rebeaud
http://www.patrick-rebeaud.com





(1) Dans cette maison se trouvait “la Société d'encouragement à l’industrie nationale”. Les frères Lumières y ont montré (en projection privée) “La Sortie des usines Lumière” le 22 mars 1895. Le 28 décembre, la première projection publique et payante a eu lieu dans le salon indien du Grand Café, 14 Boulevard des Capucines.