JACQUES CHANCEL
Son bureau, dans son appartement, résumait bien sa personnalité : un monceau de livres triomphait derrière lui, image de la littérature, passion essentielle à laquelle il sadossait depuis sa jeunesse, tandis que devant lui, un téléviseur diffusait lair du temps à la vitesse de linformation continue. Ce grand écart, Jacques Chancel semblait le réussir sans effort grâce à son insatiable curiosité. Qui aurait pu deviner les problèmes de vue dun homme tellement habité par le sens de lobservation ?
Chez lui, il accueillait son invité comme il avait su recevoir les milliers dartistes, écrivains, scientifiques et hommes politiques, dans ses émissions : en écoutant et en valorisant son interlocuteur.
Quand finalement il parlait de lui, il confiait : "Pivot et moi, nous nétions que des passeurs. Mais cest important, un passeur." Et lon se souvenait alors du rendez-vous quotidien de ses Radioscopies lors desquelles le maître de linterview tranquille avait su se faire ouvrir les portes des profondeurs de lintime sans aucun voyeurisme. Jacques Chancel navait pas à être intrusif puisque les interviewés lui confiaient volontairement les clés de leurs vies.
Ses Grands Échiquiers mettaient en application laspect le plus important du mot Culture: la rencontre. Ces moments déchanges conviaient à la même fête les élites de lArt sur le plateau, et les téléspectateurs de toutes conditions devant leur écran.
Ensuite, la Télévision est devenue la télé, et parfois la téloche. Mais Jacques Chancel a toujours continué de lappeler : la Télévision. Ce simple mot sonnait comme une profession de foi, la revendication dune exigence.
Patrick Rebeaud
23 décembre 2014
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